MATTHIEU LAURETTE
Installation vidéo, écran plasma
Matthieu Laurette, Le spectacle n’est pas terminé, 1998, installation vidéo sur écran plasma, DVD 2′ en boucle, couleur, son, édition de 3 + 1 exemplaire d’artiste. Courtesy de l’artiste.
Dans cette vidéo, Matthieu Laurette exploite de manière critique l’offre qui lui a été faite par La Chaîne spectacle (chaîne de télévision cablée) de participer à la production d’une émission intitulée » Mai 98 » en écho à Mai 68.
Les conditions du tournage ont été décrites par Alexis Vaillant :
» (…) Laurette choisit les Champs-Elysées comme plateau et tourne avec les moyens de la chaîne. Il arrête les passants et leur propose de lire des phrases de la La Société du spectacle qu’il écrit et efface au fur et à mesure qu’elles sont lues et enregistrées. Pour que les lecteurs aient l’air de s’adresser à la caméra, Laurette tient le tableau blanc juste à côté du cameraman. La lecture commence par la première phrase du livre de Debord : » Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s’annonce comme une immense accumulation de spectacles. » Il s’agit d’un » détournement » de la première phrase du Capital de Marx, » marchandises » étant remplacé chez Debord par » spectacles « .
(extrait d’un texte paru en septembre 1998 dans la publication Free Sample Demix à l’occasion de la première exposition personnelle de M. Laurette, galerie Jousse-Seguin)
Né en 1931, Guy Debord a publié La Société du spectacle en 1967, et s’est suicidé en 1994. Ses critiques n’ont rien empêché, le règne du » spectaculaire » n’a cessé au contraire de s’amplifier jusqu’à aujourd’hui. Le spectacle n’est pas terminé de M. Laurette témoigne à la fois de la lucidité et de l’inutilité des analyses de Guy Debord. Les phrases prononcées décrivent une situation réelle mais en même temps ces phrases ne semblent pas avoir vraiment de signification pour ceux et celles qui les déchiffrent. Elles sont souvent lues soit trop lentement (le mot à mot fait perdre le fil de la signification), soit trop vite (la rapidité empêche de saisir le raisonnement).
La lecture mécanique de ces phrases (par ex. » le spectacle est le moment où la marchandise est parvenue à l’occupation totale de la vie sociale « ) devient elle-même simple spectacle pour ceux et celles qui regardent la vidéo. A cette différence près, qu’il ne s’agit pas d’une émission de télé ordinaire, que la séquence ne dure que 2′, et qu’on est invité à écouter et ré-écouter ces phrases autant qu’on veut si on est attiré par leur message critique d’origine. C’est l’attitude du spectateur qui finalement détermine soit la réactivation, soit la simple » spectacularisation » des écrits de Guy Debord.
Inès Champey
(Commissaire de l’exposition)
Artistes et Intervenants :
Breitner Catherine – Laurette Matthieu – Fraser Andréa – Film La fabrique de l’Homme occidental – Estevez Vicky – Paris Clavel Gérard– Panneau de communication – Nakayama Jiro – Pattegay Patrice – Piffaretti Bernard – Rencontres – Richard Lionel – Rouvillois Gwen – Vincent David – TV Zaléa – Tables rondes